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Amarok Blog, par thierry Joigny

Taw may on omma dawn egg kyowl omma dawn egg kyowl

20 Janvier 2017 , Rédigé par Thierry Joigny

Rassurez-vous je n'écrirais pas la suite en ommawdien :) Déjà j'en connais qui vont abandonner avant la fin, même en (à peu près) français, mais l'écoute de ce nouvel album de Mike Oldfield "Return to Ommadawn" m'inspire beaucoup et me rassure, même si franchement je ne suis jamais très inquiet de la qualité de production oldfieldienne..Comment ça je ne suis pas objectif !?  ;)  

Rassuré je le suis...En lisant les premières critiques du nouvel album de Mike Oldfield dans la presse spécialisée, (parce qu'on en parle pas encore dans "Télé-Loisirs" et pourtant, il faudrait leur dire un jour que derrière "Moonlight Shadow" se cache,  trop bien, un Génie) donc écrivais-je, en lisant les premiers articles, je me suis quelque peu inquiété... En résumé "Return to Ommadawn" serait un bon album mais à le comparer au premier opus "Ommadawn" de 1975, il serait quand même moins bon. Après seulement deux écoutes, la première au casque et en aveugle (pas des émotions, j'y reviendrai) et la seconde sur les enceintes, me voilà donc rassuré... et comblé ! Cet album est du niveau des meilleurs de Mr Oldfield, à mon humble avis. Alors je reconnais manquer totalement de subjectivité tant la musique du Maëstro fait partie de ma vie depuis que je suis gamin mais quand même, je le pense sincèrement. Je n'hésite pas à admettre que la période, disons début des années 2000 , ne m'a pas fait autant  frissonner, même si comparé aux productions d'autres artistes à cette période, on trouve très facilement bien pire..je pense avoir donc encore quelque lucidité pour déceler les pépites, ceci en est une, bien sur mon avis personnel qui n'engage que moi. Je ne suis pas de ceux qui critiquent en croyant savoir mieux que les autres ce qui est bon et ce qui ne l'est pas, il s'agit toujours d'une affaire de sensibilité personnelle...

J'en profite d'ailleurs pour saluer l'initiative d'Orabidoo blog, l'un des meilleurs sites en français sur Oldfield et qui a publié en avant première un descriptif de l'album, que je me suis empressé de ne pas lire ;) afin de ne pas me laisser influencer et vous donner des impressions toutes personnelles. Mais je vous invite à le consulter ICI , ce que je vais faire aussitôt après avoir rédigé ces lignes !   

Et bien ce retour au pays des 70's a été un enchantement. Déjà, à regarder la pochette de plus près, je l'ai trouvée réconfortante ! Je sais ça ne veut rien dire, on a vu des horreurs bien emballées et le vice versa...

Dès les premières notes, nous y sommes :  flashback dans ces chères années ou nous découvrions ce qui s'apparentait au rock progressif, ou plutôt folk progressif dirons nous pour Ommadawn, qui a aussi été classé "world music" ou "New Age", bref une histoire d'étiquettes... Je pense que ce qui a fait dire à certains que cet album n'est pas du niveau du premier, est sans doute qu'il ne suscite pas la même surprise...Forcément, replongeons nous  un moment dans le contexte des années 70 : l'arrivée de Tubular Bells a été une bombe ! Un disque d'une heure, instrumental, avec un seul titre coupé en deux parties juste  par l'obligation de changer de face : ça changeait la face... du monde musical, du moins pop-rock  ! Mike Oldfield est alors agé de 19 ans quand il compose son premier album et chef d'Oeuvre,  en plus, il a le toupet de récidiver avec Hergest Ridge puis Ommadawn donc, en 1975...Aujourd'hui, et c'est encore plus vrai pour les fans d'Oldfield, ce format est entré dans nos moeurs. Autrement dit "Return to Ommadawn" ne peut pas autant surprendre. Il ne faut donc chercher à le comparer qualitativement, il s'inspire et poursuit l'aventure mais c'est un tout autre album...sorti en 2017. Cela n'enlève rien à ses qualités intrinsèques !

Mike Oldfield a précisé dans une interview que "Return to Ommadawn" était à la fois une suite du premier opus mais aussi d'Hergest Ridge. Ces deux albums étaient effectivement proches mais  Ommdawn avait un ton plus exotique qu'Hergest Ridge qui était un peu une pastorale. Et en effet, on retrouve bien ces deux tendances dans le nouvel album. Enfin pour apporter des éléments contextuels, si Ommadawn avait sans doute plus de "profondeur", se montrant plus "émotif", mélancolique, qu' Hergest Ridge, ll convient de préciser que sa composition était consécutive au décès de la mère d'Oldfield. Or, au moment d'écrire la suite d'Ommadawn en 2015, le musicien va perdre consécutivement son père et l'un de se fils brutalement. Si vous écoutez Ommadawn et Ruturn to Ommadawn, avec cette perspective en tête, vous ne pouvez pas manquer de ressentir les émotions que Mike Oldfield a imprimées dans ces compositions...Bien sur selon votre humeur, votre propre vécu ou vos difficultés personnelles, alors vous y serez plus ou moins perméable...Pour ce qui me concerne, ça a été plus que moins ;)

Cet album ne contient donc que deux titres !  La sortie n'avait été envisagée dans un premier temps qu'en format vinyle, partie  face A et partie 2  face B. Mais je pense que l'industrie du disque déjà malmenée à du calmer les ardeurs de Mr Oldfield, et de toute façon l'oeuvre est aussi disponible en galette noire, dont le format fait un spectaculaire retour en grâce.   

 

PART 1 :

Le début de Return To Ommadawn nous plonge donc directement dans l'esprit d'Hergest Ridge. Puis la basse se fait particulièrement profonde, comme si le musicien voulait vous prendre par les tripes (euh..c'est allégorique hein ;) ). Puis intervient une ligne mélodique à la guitare qui n'a pas été sans me rappeler une période qui n'a rien à voir avec la trilogie précitée mais plutôt celle de "Guitars" dans les années 90, où l'écriture de Mike était assez dépouillée, ce qui n'est pas ici péjoratif. cette simplicité  n'est qu' illusion, la suite de l'album va se montrer bien plus complexe que ne le laisse penser cette ligne mélodique. A 3'45''le tempo s'élève une minutes avant de retomber dans la plénitude, puis de repartir avec des flutes sur des guitares électriques qui semblent exprimer un maelstrom intérieur...Durant tout l'album Mike Oldfield nous fait suivre des montagnes russes...Contrairement au premier opus et ses thèmes étaient longuement développés, ici la structure est bien plus "séquencielles", à l'instar d'un certain album intitulé.. Amarok  ;) sorti en 1990 et que certains considéraient déjà comme une suite d'Ommadawn..tiens tiens... A 6'36'', retour sur le thème avec du piano et une guitare bien oldfieldienne et de toute beauté ! A 8'17'' on se pose avec la douceur d'une guitare acoustique apaisante, il ne manque que le feu de cheminée...en regardant la pochette de l'album ;)  Yoyo des émotions vous disais-je, lorsqu'à 11' 02'', la basse profonde s'oppose à une guitare électrique aigüe, comme un conflit entre l'enracinement et le désir de s'élever (caractéristique générale de l'album), que l'on ressent surtout en fin de cette séquence avec un riff de guitare en arrière plan de sons aériens, de flûtes .. A 12'53'' nous y voilà : Tous les fans j'imagine attendaient ce qui faisait la force du premier opus, les percussions africaines de fin de 1ère partie et le fameux chant ommawdien :)  elles sont ici triturées par le compositeur qui n'a pas utilisé de musiciens ni de chanteurs extérieurs. Cet album est fait complètement "maison", ce qui m'avait d'ailleurs inquiété aussi...Mais encore une fois me voilà rassuré !  Les voix sont triturées mais l'art de la production est parfaitement maitrisé et elles se mêlent merveilleusement à la composition. Ce n'est pas juste un effet facile... A 17'14'' , encore cet effet d'opposition entre la transcendance de ces voix revenues des 70's tels des fantômes qui survolent le rythme syncopé qui les soutient. Cela vous donne la sensation d'être profondément enraciné (percussions guitare rythmique endiablés...) et de vouloir vous élever spirituellement (voix, guitare suppliante...). A 18'47'', cette première partie ne se termine pas sur les percussions en simple fading comme dans son alter ego de 75. Elle laisse l'auditeur redescendre en tension avec un retour du thème à la guitare classique et aux flûtes, comme si la musique ne voulait pas mourir...      

J'aime beaucoup le final de la première version d'Ommadawn, mais je trouvais sa fin, trop brusque. On en voulait encore. Ici, vous serez rassasiés !! Cette fin de 1ère partie est sans doute moins "simple" mélodiquement que celle du premier opus, mais comme je le disais plus haut, difficile de comparer qualitativement ces deux albums :  la simplicité a fait  la force de la première mouture et la structure plus complexe du second fait la richesse de ce disque. Juste un bémol, il en faut souvent en musique ;) , même si les voix sont superbement traitées et que les réentendre aujourd'hui ajoute de l'émotion à cet album, j''aurais quand même apprécié une collaboration avec d'autres musiciens et chanteurs. Ces fameuses voix étaient celles de l'ensemble "Jabula" un collectif sud africain réfugié en Angleterre (rappelons pour les plus jeunes que l'Afrique du Sud n'était pas un modèle de démocratie, de tolérance et encore moins de respect de l'humanité, surtout si vous étiez noir...) Mais le contexte de production était bien différent. Oldfield vivait dans son pays natal, entouré d'artistes de tous horizons. Cette remarque vaut aussi pour la 2ème partie d' Ommadawn avec l'intervention poignante à la cornemuse du talentueux Paddy Moloney, du groupe irlandais traditionnel "The Chieftains", instrument que l'on ne retrouvera pas ici...Mais aujourd'hui le gentleman anglais s'est installé au Bahamas et ne semble plus dans une démarche de collaboration durable, il l'a fait pour son album précédent mais très différent (Man on the Rocks, en 2014) et encore, à distance, ses musiciens enregistrant aux états-unis, répétant par skype interposé...Ici Mr Oldfield joue de tout lui-même. Dans la première version, les flûtes étaient celles de Leslie Penning qui à l'époque a certainement beaucoup apporté en terme d'inspiration "médiévale". C'est lui que vous entendez par exemple sur le single "Portsmouth", sorti à cette période. Ecoutez, ça va forcément  vous dire quelque chose ;) . Mais Mr Oldfield, déjà multi instrumentiste en 75 a durant toutes ces années ajouté d'autres cordes à son arc et le musicien est aujourd'hui capable de tenir les flûtes sans avoir à rougir. En cela aussi, j'ai été rassuré :) .

 

PART 2 :

Si le son du début de la première partie faisait echo à Hergest Ridge, la seconde partie de "Return to Ommadawn" semble construite comme son frère ainé dans sa composition, mais de façon plus claire, plus limpide, plus subtile... C'est difficile à exprimer mais en tout cas, à l'instar des albums de la fameuse trilogie (Tubular Bells-Ommadawn-Hergest Ridge), cette seconde partie se montre calme, apaisante avant de vous conduire vers d'autres univers...Comme dans la 1ère partie, j'ai rapidement ressenti, à tord ou a raison, vous jugerez vous même ;)  une référence à un autre album d'Oldfield : "Tubular Bells II"   (à 1'42'') avec les voix en arrière plan qui semblent avoir été produites de la même façon, le jeu de mandoline et même quelques notes à la guitare acoustique qui me rappellent le titre "Sentinel" extrait ce cet album de 1992. A 4'16'', Un duo intervient et c'est une belle trouvaille : une guitare acoustique et sa soeur électrique qui se complètent, se répondent..Un dialogue à douze cordes quoi, magnifique ! 5'17": retour des percussions et d'une certaine tension avec des guitares à foison reprenant le thème d'ouverture de cette seconde partie, savant dosage de styles, de sons acoustiques et électriques. Ces dernières s'isolent vers 7'00'' avec un tempo plus calme les mettant en valeur avant une reprise de la mélodie et un rythme qui tend à vous apporter un sentiment de bien être, de détachement, de lâcher prise...Mais pas le temps de s'ennuyer ! A 10'15'' le compositeur nous fait encore le coup du yoyo, en produisant un thème original et inattendu par son riff de guitares, sa basse et son tempo, vous donnant soudainement une impression de ralenti intérieur pendant que le temps à l'extérieur poursuivrait sa course. C'est une interprétation toute personnelle, mon propre ressenti bien sur. Mais le compositeur maitrise parfaitement le jeux des émotions ! Cette courte séquence laisse place à 10'47'' à des thèmes plus mélodiques, mais toujours sur fond de percussions, laissant encore planer une certaine tension malgré les instruments "légers" tels le glockenspiel..Des airs de faux calme, comme l'est sans doute le Maitre des sons ;) Cette tension monte en puissance pour subitement nous faire redescendre à 13'04'' sur des nappes d'harmonium, puis une reprise du thème plus sereine à la guitare électrique. C'est alors une montée progressive vers le paroxysme avant de nous laisser croire, à tord, que  nous arrivons à la fin du voyage... 15'10'' : son de guitare acoustique type intro de "Tubular Bells part 2" mais développée avec introduction de flûtes et guitares électriques pour apporter à 17'07'' à nouveau un sentiment bouleversant, comme la conclusion de l'Oeuvre, mais ce n'est pas fini, vous allez voir ce que vous allez entendre ! A  17'55, beau clin d'oeil à la chanson "On Horsback" qui clôturait Ommadawn en 75. Ici, sur un sirtaki, la voix de Mr Oldfield himself ;) vient ponctuer la mélodie de quelques mots. Dans la 1ère mouture il déclamait un texte ponctué d'un refrain chanté par des enfants. Ici, il ne fait que citer quelques mots, avant que le thème de cette seconde partie de l'album ne revienne à la charge. A 19'00,'' ces voix d'enfants ressurgissent du 1er album tel des fantômes, à l'instar de celles de Jabula dans la 1ère partie ! 1er effet kiss cool, un sourire se dessine sur vos lèvres après avoir entendu Oldfield évoquer "On Horsback" puis ces enfants qui font leur retour du passé...Mais effet yoyo oblige, la montée musicale crescendo sur laquelle les voix se posent, ça vous remue quand même pas mal, jusqu'à en devenir extrêmement émouvant ! Le fait d'avoir réutilisé les enregistrements d'enfants de l'époque nous ramène à notre propre enfance perdue (enfin pour certains ;)). Ah je vous avez prévenu, ça secoue !!  A 19'56'', le sirtaki laisse sa place à l'assaut final qui reprend le thème principal de la seconde partie et une dernière intervention des enfants. Wah ! :)

Vous l'aurez compris si vous avez réussi à lire ces lignes jusqu'au bout, ce dont je vous félicite ;) , Return to Ommadawn m'a conquis. Comme il s'agit d'une suite, évidemment si vous n'avez pas écouté son ainé de 75, je ne peux que vous conseiller de vous en imprégner, c'est mieux...mais pas obligatoire !  Je ne peux bien sur pas me rendre compte de ce que j'aurais ressenti en écoutant seulement ce nouvel opus, tant je connais le 1er. Mais faites moi confiance, soyez rassuré, cet album est un coup de maître  !

 

Alors oui, Mike Oldfielf surf peut-être sur la nostalgie des années 70 et ses années les plus glorieuses mais il le fait bien et je préfère une suite réussie d'en album de cette époque plutôt que d'une "vraie" nouveauté sans saveur...D'ailleurs, pour enfoncer le clou, le prochain album s'intitulera "Tubular Bells IV", au risque de faire couler beaucoup, beaucoup d'encre...Mais pour ce qui me concerne, je ne suis pas inquiet...

Radiophoniquement vôtre,

Thierry Joigny

 

Rendez-vous dimanche soir à 20h00 sur Sun radio 93 fm à Nantes, 87.7 fm à Cholet, en radio numérique terrestre  et sur  www.lesonunique.com dans l'émission Amarok spéciale "Ommadawn" dimanche 22 janvier...

 

 

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S
Bon, j'arrive un peu en retard (l'article a déjà un an) mais je viens à peine de découvrir cet album (du moins dans sa totalité). En effet, j'en avais écouté un bref extrait (le début) peu après sa parution et je n'y avais pas vraiment retrouvé l'Ommadawn d'origine (je le trouvais plus (trop) proche d'Hergest Ridge).<br /> Bref, j'ai été séduit dès la première écoute : Du pur Oldfield ... comme je l'aime. Un vrai régal.<br /> <br /> Excellente critique. Je partage totalement vos impressions.<br /> Cdt
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T
Merci, mieux vaut tard que jamais :)
D
Très belle critique, qui rejoint mes premieres impressions. Je serai avec vous dimanche soir pour decouvrir votre emission. <br /> Merci !
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E
C'est toujours bien de retourner un "vieux champs", cela le fertilise.<br /> Je ne peux pas dire que l'atmosphère "Oldfieldienne" soit une de mes préférées pour inspirer, comme tu le dis (si bien) cela reste une affaire de sensibilité personnelle.<br /> N'empêche que je m'ois "l'Ommadawn" originelle, rien ne vaut l'avis avant d'expirer...<br /> <br /> A bientôt sur l'avis !
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